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Photos au Schpoutkite du vendredi 4 novembre 2022

Robert, qui nous réalise ces superbes photos de nos kitesurfeurs niçois, a accepté de présenter son travail dans un petit texte que vous découvrirez à la suite des photos. Un énorme merci à lui pour nous partager son art et nous permettre de s’admirer.

La retouche ou post-production n’est ni accessoire ou secondaire mais capitale. Pour offrir le maximum de retouches possible, la photo doit être enregistrée impérativement au format RAW (brut en anglais) qui contient infiniment plus d’informations que le format universel JPEG. Mais le format RAW doit être traité par un logiciel, parfois plusieurs, pour pouvoir être exploité, chaque logiciel ayant ses capacités propres.

Le meilleur des capteurs d’un appareil photographique sera toujours moins bon qu’un œil humain dont la pupille s’adapte en permanence à la luminosité. Le capteur ne pouvant rendre sans retouches l’étendue de l’exposition, il y a donc forcément des zones plus ou moins claires et plus ou moins foncées. S’il est possible d’éclaircir une zone sombre, car elle contient des informations, au prix d’une augmentation du bruit numérique (appelé grain au temps de l’argentique), bruit qu’il faut également réduire ou supprimer par voie logicielle, il est en revanche impossible de révéler du détail dans les zones brûlées, car il n’y a plus d’informations.

Au-delà du simple recadrage, il faut pouvoir saturer les couleurs globalement ou agir sur telle ou telle couleur, éclaircir les ombres, réduire les zones trop claires, agir sur le contraste, réduire ou supprimer la brume, traiter séparément les tons clairs, moyens, les ombres et le noir. Sans oublier la netteté, qui peut parfois être renforcée pour compenser la qualité moindre d’une optique ou un défaut de mise au point de l’autofocus. Certains défauts de l’objectif comme l’aberration chromatique ou assombrissement des coins de l’image doivent être corrigés. La retouche peut enfin s’appliquer à la totalité de la photo ou plus judicieusement à une ou plusieurs parties, ce qui peut demander sur une même photo plusieurs retouches locales.

Il y a eu en près de cent ans trois révolutions majeures dans la photographie, d’abord la couleur, ensuite le numérique et enfin l’intelligence artificielle. Nous sommes avec cette dernière à l’orée de grands progrès au service de cet art exigeant qu’est la photographie.

La photo n’est véritablement terminée qu’après passage obligé dans un logiciel de post-production où tout l’art du photographe peut s’y exprimer. Il n’y a donc pas une interprétation mais de multiples interprétations possibles limitées seulement par la qualité du ou des logiciels et la maîtrise du photographe.

Le temps passé devant une photo à retoucher est par conséquent infiniment plus long que le temps nécessaire à la prise de vue. Qu’importe si le résultat semble plus ou moins refléter ce qui a été réellement vu, ce qui compte est que la photo soit réussie artistiquement. Enfin l’indexation, étape ultime, longue et fastidieuse mais indispensable, permet de retrouver plus ou moins rapidement une photo dans une base de données qui s’accroît en permanence, car les algorithmes des nouvelles versions des logiciels permettent parfois d’améliorer le résultat même sur de vieilles photos.

La retouche n’est donc pas un artifice pour travestir la réalité, mais une technique permettant d’offrir une palette de possibilités dans laquelle puise le photographe en fonction de ses goûts, de ses compétences et de ses outils. Le photographe moderne se rapproche ainsi du peintre qui use force toiles et tubes de couleurs avant d’arriver au tableau définitif. Enfin il ne faut jamais oublier que malgré les progrès des boîtiers, des optiques et des logiciels, l’œil du photographe d’abord lors de la prise de vue et ensuite sa main en post-production sont irremplaçables. Le photographe devient alors un peu magicien, un peu sorcier. L’ère du tout automatique, sans intervention manuelle, dans la photographie artistique n’est fort heureusement pas encore pour demain. L’œuvre d’art, privilège de l’Homme depuis les fresques de la grotte de Lascaux, pourra-t-elle naître un jour d’une machine sans âme ?

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